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Ludwig Schläfli (1814-1895) : mathématicien
suisse.
Autre nom : double sixain. |
Un double-six est un ensemble de 12 droites de l'espace projectif de dimension 3, dont la notation habituelle, due à Schläfli, est matricielle :
Le nombre six est la valeur maximale de n telle qu'un ensemble de 2n droites ait cette propriété (démonstration de ce fait).
Pour construire un double-six, on peut partir d'une droite
ayant 5 sécantes
telles qu'aucune d'entre-elles ne soit incluse dans la quadrique engendrée
par 3 des 4 autres droites.
Quatre droites parmi les 5 sécantes
ont pour
sécante commune et aussi une autre sécante commune : si {i,
j, k, l, m}={1, 2, 3, 4, 5}, notons
la sécante commune autre que
à
; on montre que
ne rencontre pas
: pour terminer le double-six il ne manque plus que la droite
: sécante commune à
ne rencontrant pas
: le théorème (difficile) du double-six affirme que cette
droite existe.
Chaque droite du double-six en rencontre exactement 5
autres ; il y a donc
points d'intersection dans
le double-six.
Les 30 couples de droites sécantes engendrent 30 plans , et les 15 paires de plans sont formées de plans se coupant suivant 15 droites . |
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Figure du double six avec les six droites en bleu (notées i tout seul pour simplifier), et les six droites (notées i') en rouge ; chaque droite rouge rencontre exactement 5 droites bleues et vice versa. Cette vue affine a été choisie de sorte
que les 6 plans
De la sorte, les 3 droites
sont les 3 droites de l'infini des faces du cube.
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Il existe une unique surface
cubique lisse (S) contenant les 12 droites du double-six.
Pour le double-six représenté ci-dessus, où le cube choisi a pour sommets etc, et la droite passe par , la surface cubique a pour équation : .
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Les 27 droites de cette surface sont les 12 droites du
double-six (en rouge et bleu ci-contre) plus les 15 droites (en
jaune) définies ci-dessus.
(mais rappelons que dans la représentation ci-contre, les 3 droites sont les 3 droites de l'infini des faces du cube et que donc il n'y a que 12 droites jaunes visibles) |
La figure que forment les 27 droites s'appelle l'eikosiheptagramme
(eikosihepta = 27 en grec).
Dans cette configuration, chaque droite en rencontre
exactement dix autres :
- chaque droite jaune
est sécante avec les 4 droites
rouges et bleues et avec les
droites
jaunes pour (démonstration
de ce fait).
- chaque droite rouge
est sécante avec les 5 droites
bleues et les 5 droites
jaunes.
Il existe donc
paires de droites non sécantes.
On montre alors qu'il existe dans l'eikosiheptagramme
exactement 36 doubles-six :
- le double-six de départ N.
- les
doubles-six du type
dits "syzygétiques" à N
- les
doubles-six du type ,
dits "azygétiques" à N.
Le groupe des permutations des 27 droites respectant les incidences des droites possède donc 6 ! . 2 . 36 = 51 840 éléments ; il est isomorphe au groupe de Weyl W(E6) et son sous-groupe des permutations paires est isomorphe au groupe projectif symplectique PSp4(F3) qui n'est pas simple.
Chacun des 30 plans contient 3 droites de la surface (S) ( et): il est appelé plan tritangent (puisque tangent à la surface en 3 points).
Mais il existe, issus des doubles-six ci-dessus, autres plans tritangents engendrés par les 15 trios de droites sécantes deux à deux : ; on montre que ces 45 plans tritangents sont les seuls : chaque droite est commune à 5 plans tritangents.
Les incidences des divers éléments de l'eikosiheptagramme
sont résumés dans le tableau ci-dessous :
....rencontre | points | droites | plans tritangents | double-six | eikosiheptagramme |
chaque point... | 1 | 2 | 1 | 8 | 1 |
chaque droite... | 10 | 10 | 5 | 16 | 1 |
chaque plan tritangent... | 3 | 3 | 15 | 36 | 1 |
chaque double-six... | 30 | 12 | 45 | 36 | 1 |
l'eikosiheptagramme... | 135 | 27 | 45 | 36 | 1 |
Voici une vue du double-six principal de la surface de Clebsch. |
Ceci n'est un double-six qu'en apparence : chaque droite
bleue rencontre 5 droites rouges, mais aussi la sixième, à
l'infini !
Dans un vrai double-six, il ne peut y avoir plus de 3 droites de chaque famille sur une même quadrique (voir cette figure) |
WEBOGRAPHIE
Applet java pour le double-six, sur le même site : enriques.mathematik.uni-mainz.de/cubicsurface/background/background_frame.php3?shortname=doublesix Modele en tiges du double-six : www.math.arizona.edu/~models/Wire_models/source/2.html |
© Robert FERRÉOL , Alain ESCULIER 2003