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POLYÈDRE
Polyhedron, Polyeder
Premiers "polyèdres" : les boules
de pierre gravées du néolithique ?
Du grec polus "plusieurs", hedra, "siège", "base" (donc "face"). |
Un polyèdre de l'espace euclidien à
3 dimensions E3 est
un ensemble fini non vide de polygones
(les
faces du polyèdre) situés dans des plans de E3,
les côtés et sommets de ces faces étant appelés
les arêtes et sommets du polyèdre, tels que
:
1) chaque côté de chaque
face coïncide avec un côté d'une seule autre face, non
coplanaire avec la première.
2) (condition de connexité)
deux faces sont toujours reliées par une suite de faces, chaque
face ayant une arête commune avec la suivante.
3) (condition de non croisement) deux
faces n'ont aucun point intérieur en commun.
REM : La condition 2) peut s'énoncer plus savamment en disant que le graphe dont les sommets sont les faces du polyèdre, deux sommets étant reliés par une arête si les faces correspondantes sont contiguës est connexe. Si l'on donnait seulement la condition que le graphe qui a même sommets et arêtes que le polyèdre est connexe, alors deux tétraèdres opposés par un sommet constitueraient un polyèdre !
Cette définition, qui exclut par exemple les polyèdres dits étoilés, admet diverses généralisations à voir sur la page des polyèdres généralisés.
NUMÉRATION
Un polyèdre possède au moins 4 sommets, 6 arêtes et 4 faces.
On classe les polyèdres suivant leur nombre
de faces, appelé l'ordre du polyèdre, en utilisant
les suffixes grecs suivants :
4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | |||
tétra | penta | hexa | hepta | octa | ennéa
ou nona |
déca |
11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | 20 |
hendéca ou
undéca |
dodéca | tridéca | tétradéca | le suffixe ... |
|
plus déca | ... | ... | icosa |
21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 |
icosiéna | icosidi | icositri | icositétra | icosi plus le... | ...suffixe.... | ...ci-dessus | ... | ... | triaconta |
31 | 33 | 40 | 50 | 60 | 70 | 80 | 90 | 100 | 1000 | 10000 | |
triacontaéna | triacontatri | etc. | tétraconta | pentaconta | hexaconta | heptaconta | octaconta | ennéaconta | hecta | chilia | myria |
Le nombre d'arêtes qui aboutissent à un sommet est le degré (ou valence) du sommet, toujours 3.
Le code de Schläfli d'un sommet est
une suite des ordres des faces aboutissant à ce sommet ; par exemple
33.4.3.5 signifie qu'au sommet aboutissent,
dans cet ordre, trois triangles, puis un quadrilatère, un triangle
et enfin un pentagone.
Le code de Schläfli d'une face est
une suite des degrés des sommets de cette face ; par exemple 33.4.3.5
signifie que les sommets de la face sont, dans cet ordre, de degrés
3, 3, 3, 4, 3, 5.
La surface du polyèdre est la réunion
des faces pleines ; c'est une surface connexe compacte plongée dans
E3 donc homéomorphe
au tore à n trous
; le nombre n est le genre
du polyèdre, et dans le cas n = 0, le polyèdre est
dit simple, ou simplement connexe (attention : une autre
définition en conflit avec celle-ci dit qu'un polyèdre
simple est un polyèdre dont les sommets sont de degré
3). Les nombres S de sommets, A d'arêtes et F de
faces d'un polyèdre sont reliés par la
relation
d'Euler-Poincaré : S + F = A + 2 – 2n.
Exemple de polyèdre torique,
de genre 1 : S = 9, F = 9, A = 18 = S + F.
C'est, à équivalence près, le polyèdre non simple d'ordre minimum. |
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La première étape de l'éponge
de Sierpinski n'est pas un polyèdre au sens ci-dessus : les
faces externes, percées d'un trou, ne sont pas des polygones. Mais
si on les décompose et les déforme en créant 4 faces
non coplanaires, comme l'indiquent les pointillés ci-contre, on
obtient un polyèdre de genre
5 :
S = 40, F = 48, A = 96 = S +F + 25 – 2. |
La CNS pour qu'il existe un polyèdre simple ayant
S
sommets, A arêtes et F faces est donnée par
la conjonction des 3 conditions (théorème
de Steinitz) :
• la relation d'Euler : S
+
F
=
A
+ 2
• S
4
• 2A
3.max (S,
F) ;
on peut ainsi montrer qu'il n'existe pas de polyèdre
simple ayant 7 arêtes.
Le polyèdre plein est la réunion de sa surface et des points "intérieurs" à cette surface, c'est-à-dire ceux à partir desquels toute courbe continue allant à l'infini rencontre la surface.
CONVEXITÉ
Un polyèdre est dit convexe si le polyèdre
plein est convexe ; les faces en sont alors des polygones convexes.
Par contre, un polyèdre, même simple, à faces convexes, n'est pas forgément convexe. |
Polyèdre simple non convexe à faces convexes. |
Un polyèdre convexe est simple et le polyèdre plein est alors l'enveloppe convexe des sommets, ainsi que l'intersection de demi-espaces fermés définis par les faces. Réciproquement, toute enveloppe convexe d'un nombre fini de points et toute intersection d'un nombre fini de demi-espaces fermés qui est bornée est un polyèdre plein convexe (théorème de Minkowski).
Tout point intérieur à un polyèdre
convexe se projette orthogonalement sur une face au moins ! En effet, on
peut fixer ce point intérieur, mettre des masses aux sommets de
sorte que ce point soit le centre de gravité du système obtenu,
et ensuite dire que si ce point ne se projetait sur aucune face, alors,
quelle que soit la face sur laquelle on pose le système il basculerait,
ce qui serait absurde.
La donnée de ses sommets définit entièrement un polyèdre convexe ; le contre-exemple ci-contre montre que c'est faux si on enlève la condition de convexité, même pour des polyèdres sans trou. |
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ÉQUIVALENCE, SIMILITUDE, ISOMÉTRIE
Deux polyèdres sont dits (combinatoirement) équivalents ou avoir la même combinatoire, s'il existe une bijection entre les sommets, conservant les arêtes et les faces. Une classe d'équivalence est un type de polyèdre.
Tout polyèdre simple est équivalent à
un polyèdre convexe.
Avoir le même nombre de faces et de sommets (donc
d'arêtes) ne suffit pas à avoir la même combinatoire.
Par exemple, ces deux polyèdres ont 8 faces et 6 sommets, mais l'octaèdre à gauche a tous ses sommets de degré 4, tandis que le polyèdre de droite a 2 sommets de degré 5 (A et B), 2 sommets de degré 4 (C et D), et 2 sommets de degré 3 (E et F). |
Deux polyèdres sont dits isométriques (ou
congruents) (resp. semblables) s'il existe une isométrie (resp.
une similitude) de l'espace conservant les faces. Isométriques implique
semblables, qui implique équivalents, mais les réciproques
sont fausses. On confond en général deux polyèdres
semblables.
Contrairement à ce que pensait Euclide, deux polyèdres,
même convexes, ayant des faces isométriques deux à
deux ne sont pas forcément isométriques. Un contre-exemple
est fourni par le cuboctaèdre
et le pseudo-cubocataèdre.
Par contre deux polyèdres convexes équivalents ayant des faces correspondantes isométriques sont isométriques (théorème de Cauchy). Ce dernier théorème est lui-même faux pour des polyèdres non convexes, voir la page sur les polyèdres flexibles. |
Ces deux polyèdres ont des faces isométriques
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SQUELETTE, GRAPHE, PATRON
Le squelette du polyèdre est la réunion de ses arêtes pleines. La donnée du squelette d'un polyèdre définit donc ses sommets et ses arêtes, mais pas forcément ses faces, comme le montre le contre-exemple ci-contre. |
Ils sont cependant équivalents. |
Un graphe non orienté simple est dit associé à un polyèdre s'il existe une bijection entre les sommets du graphe et ceux du polyèdre, préservant les arêtes, par exemple le graphe défini par le squelette du polyèdre. Deux polyèdres équivalents ont des graphes associés isomorphes, mais la réciproque est fausse (voir ci-contre un contre-exemple dû à Guy Valette). Dans le cas d'un polyèdre simple, on appelle diagramme de Schlegel toute représentation plane d'un graphe associé, avec des arêtes rectilignes sans croisement. On obtient un tel diagramme dans le cas d'un polyèdre inscriptible par projection stéréographique sur un plan tangent à la sphère en un point autre qu'un sommet. |
Les deux polyèdres ci-dessus ont même squelette
(donc même graphe associé) mais ne sont pas équivalents.
Voir aussi un cas triple pour des polyèdres étoilés |
Un graphe non orienté est associé à
un polyèdre simple si et seulement s'il remplit les conditions suivantes
(autre
théorème de Steinitz) :
- posséder au moins 4 sommets
- être connexe et rester connexe
quand on retire 2 sommets quelconques
- être représentable
sans croisement dans le plan, autrement dit être
"planaire".
Un patron d'un polyèdre est une réunion
de polygones pleins dans un plan, isométriques aux faces du polyèdre,
ne se chevauchant pas, chaque polygone étant attaché à
exactement un autre par une arête et permettant par pliage de reconstituer
la surface du polyèdre.
Attention, le patron peut ne pas être caractéristique
du polyèdre : Voir ici
un exemple de patron qui conduit à deux polyèdres distincts.
INSCRIPTIBILITÉ, CIRCONSCRIPTIBILITÉ
Un polyèdre est dit inscriptible (ou inscrit)
si ses sommets sont situés sur une même sphère ; la
figure ci-contre montre qu'il n'est alors pas forcément convexe.
Par projection conique de centre le centre de la sphère, on obtient
dans le cas convexe un
pavage de la sphère par des polygones
sphériques (par contre, un pavage sphérique ne fournit pas
forcément un polyèdre inscriptible, sauf si les sommets de
chaque polygone sphérique sont coplanaires).
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Un exemple de polyèdre convexe non inscriptible
est le cube tronqué en un sommet, mais il est équivalent
à un polyèdre inscriptible. Un polyèdre convexe n'est
pas forcément équivalent à un polyèdre inscriptible
; voir ici un article
donnant une CNS pour qu'un polyèdre convexe soit équivalent
à un polyèdre inscriptible.
Un polyèdre est dit circonscriptible (ou
circonscrit), si ses faces prolongées sont tangentes à une
même sphère.
Le dual (P*)
d'un polyèdre inscriptible (P) obtenu par polarité
par rapport à la sphère circonscrite à (P)
est circonscrit à cette sphère (mais attention, ce dual peut
être un
polyèdre étoilé),
et réciproquement, le dual (P*)
d'un polyèdre circonscriptible (P) obtenu par polarité
par rapport à la sphère inscrite dans (P) est inscrit
dans cette sphère (mais là aussi, ce dual peut être
un polyèdre étoilé).
VOIR AUSSI
Site de J.J. Dupas : cm2.ens.fr
Site très complet sur les polyèdres : www.polyhedra-world.nc
Méthode pour tracer les faces des polyèdres par Alain Esculier
Logiciel pour tracer des polyèdres : www.peda.com/poly/download.html
Site de G. Tulloue : phyanim.sciences.univ-nantes.fr/Polyedres/index.php
The Euler-Poincaré Formula : www.cs.mtu.edu/~shene/COURSES/cs3621/NOTES/model/euler.html
Site du sculpteur Antoine Walter : www.delcaflor.net/espace/polyedres/index.html
Site de George Hart : www.georgehart.com/virtual-polyhedra/vp.html
Polyhedra Collection : bulatov.org/polyhedra/
Articles de Jorge Rezende : gfm.cii.fc.ul.pt/Members/JR.en.html
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© Robert FERRÉOL 2023